31 mars 2009

Encadrer les gros salaires: un faux débat

Depuis quelques jours les médias et les politiques s'en donnent à coeur joie sur l'encadrement des gros salaires. Faut-il limiter les salaires à 100 fois le SMIC ou 200 fois? Faut-il interdire les stock-options, lever le bouclier fiscal ou taxer les primes à 70%? Faut-il légiférer ou non? Que de mauvaises questions alimentant un faux débat qui se concentre sur l'exception afin de nous faire oublier le principal. Oh bien sur l'État trouvera un bouc émissaire ou deux et la France satisfaite continuera tranquillement sa sieste sociale en n'oubliant pas de regarder les matchs des bleus et Michel Drucker le dimanche après-midi.

L'exception ce sont les quelques centaines de patrons des grandes boîtes qui ont des rémunérations absolument pas proportionnelles à leurs compétences et aux résultats. Et l'argument "ah oui vous comprenez si on ne les paye pas assez ils partiront à l'étranger" ne tient pas debout. Primo parce que vu la crise actuelle, que quelque uns ont provoqué et que la plupart n'ont pas anticipé, ils ne sont pas si compétents que cela. Deuxio mais qu'ils partent! Je suis persuadé qu'on n'aura aucun mal à leur trouver des successeurs qui feront probablement ni mieux ni pire mais pour beaucoup moins cher.

Le principal ce sont les 50% de français qui ne possèdent que 7% des richesses! Car il est là le vrai débat: comment répartir de façon beaucoup plus équitable la richesse? Première solution limiter les gros salaires. Soit mais ça ne changera rien pour tous les millions de bas salaires. Cette idée est donc idiote. Alors pourquoi ne pas faire profiter tous les salariés des mêmes bénéfices que leurs dirigeants? Pourquoi ne pas leur donner des primes de bienvenue, des parachutes dorés, distribuer 1/4 des profits annuels ou encore des stock options? Ce serait plus intelligent et bien plus juste. Et c'est pour ça que personne n'en parle.

photo de marganz

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Certes, certes, mais pourquoi ne pas malgré tout tenter de poser une limite supérieure aux émoluments patronaux?
Je pense en particuler qu'il serait possible de fixer une règle de bon sens qui pourrait ressembler à ceci:
Pour 10 subordonnés un chef pourrait gagner maximum deux fois leur salaire moyen (cela me paraît déjà beaucoup). Ceci donnerait -mathématiquement- un multiple du salaire moyen par une exponentielle de base 2 et d'exposant le logarithme (base 10) du nombre d'employés. Pour 100 subordonnés on serait à 4x leur salaire moyen, pour 10.000 employés à 16x et pour un million à 64x le salaire moyen (de l'entreprise).
Un chef virant des gens verrait donc ainsi son salaire baisser puique son facteur maximum diminuerait (puisqu'il aurait moins de subordonnés).
Mais je doute que nos brillants énarques arrivent jamais à une formule d'une telle complexité...

Géraud Servin a dit…

Bravo, excellente idée. Mais je crois que c'est trop simple, clair et juste pour nos chers ENArques.