"Le pire ennemi des profits, c'est le plein emploi"
"Le pire ennemi des profits, c'est le plein emploi". Cette phrase de François Chevallier, économiste stratégiste chez VP Finances, m'a coupé le neurone (source: Là-bas, si j'y suis) tant elle semblait si pleine de vérité et d'évidence. Mais il me fallait quand même quelques chiffres pour le prouver.
Depuis que je suis en âge d'écouter nos politiciens, ceux de droite comme de gauche, clament haut et fort que la lutte contre le chômage est une priorité majeure. Alors comment se fait-il que depuis le début des années 80 le taux de chômage en France est supérieur à 7%? Deux hypothèses: la première c'est que nos gouvernements successifs sont incompétents car ils n'ont pas su régler ce problème depuis près de 30 ans. Mais il y a des limites à l'incompétence et ma seconde hypothèse, qui est malheureusement beaucoup plus crédible, c'est que nos politiciens n'ont jamais voulu véritablement lutter contre le chômage.
Pourquoi? J'ai bien peur que la raison ne soit tristement simple. Le secteur tertiaire, dit des services, emploi près de 72% de la population active et représente 77% du PIB. Or dans ce secteur le coût du travail peut représenter jusqu'à 80% des charges d'exploitation de entreprise. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que la manière la plus simple pour baisser les coûts est de minimiser la masse salariale, c'est-à-dire de minimiser le nombre de salariés et/ou les salaires.
Pour ce qui est du nombre de salariés pas de problème grâce au licenciement pour motif économique, qui fonctionne à merveille même si l'entreprise fait des profits. Pour ce qui est des salaires pas de problème non plus. Étant soumis à la loi du marché, pour les maintenir le plus bas possible il faut simplement avoir beaucoup plus de demandeurs que d'offres d'emploi.
Bien sûr il n'en faut pas trop de chômeurs non plus, ça pourrait coûter plus cher que ça ne rapporte et devenir dangereux socialement. Depuis trois décennies il faut croire qu'un taux de chômage entre 7 et 10% permet de maximiser les profits tout en minimisant les risques sociaux. Alors pour paraphraser François Chevallier, le meilleur ami du profit, c'est le chômage. La lutte "active" et "prioritaire" contre ce fléau proclamée par tous nos gouvernements depuis près de 30 ans n'est qu'une colossale imposture.
photo de Roger Parry