7 juillet 2011

A moi le pouvoir suprême

Je me suis bien gardé de commenter directement sur l'affaire DSK mais cette dernière et quelques autres m'amènent à écrire une fois de plus sur ce joli principe de séparation des pouvoirs, qui seul peut garantir la liberté, et prévenir les abus de pouvoir.

En théorie le parlement légifère, le gouvernement exécute et les juges rendent justice. Rajoutons à ces trois pouvoirs "institutionnels" celui de l'argent et des médias. En pratique des liens, plus ou moins forts, se tissent entre tous ces pouvoirs. Par exemple le pouvoir de l'argent vous permettra de faire du lobby auprès des députés. Ou encore le gouvernement sera influencé dans ses choix à travers les informations que lui renverront les médias.

Mais il y a un pouvoir suprême qui permet de contrôler tous les autres, c'est le pouvoir politique. La politique est bien le seul des pouvoir concentrant tous les autres. Démonstration.

Commençons par ce qui est facile. Le gouvernement prépare les lois qui seront votées par son groupe à l'Assemblée et au Sénat. L'exécutif et le législatif ne font donc qu'un. Quand au pouvoir judiciaire allez sonner à la Chancellerie et vérifiez son indépendance. De toute façon le politique a bien prévu le coup car au cas où la justice vous chercherait des noises vous bénéficiez d'une impunité parlementaire. Oups, ma langue a fourchée, je voulais bien sûr parler d'immunité parlementaire. En cas de scénario catastrophe un coup de fil à votre ami Silvio Berlusconi qui maîtrise parfaitement la mutation du juge trop curieux en Placardie et les délais de prescription.

Plus sournois la politique et l'argent: point de vue salaire ça devrait le faire sachant que vous bénéficierez de tout un tas d'avantages (notes de frais à ne pas justifiées, chauffeur, cuisinier, petit personnel à disposition 24h/24h, appartement de fonction, etc.) qui vous permettront de ne pas connaître des fins de mois trop difficiles. Si celà ne suffisait pas à maintenir votre train de vie, allez demander à Zine el-Abidine Ben Ali ou à Mouammar Kadhafi quelques tuyaux ou pipelines pour se retrouver à la tête de quelques dizaines de milliards.

Terminons par le plus subtil, la politique et les médias. Omniprésents, les politiques bénéficient d'une couverture médiatique du feu de dieu. Ils sont partout à la télévision, à la radio, sur Internet, dans la presse écrite (quotidiens, magazines, presse "people"). Il faut être vu, il faut être entendu (au lieu de voir et d'écouter, fin de la parenthèse) car votre carrière est directement lié à votre visibilité. 

Après il ne faut pas s'étonner que le membre d'un parti désire être député, le député se voit en Secrétaire d’État et ce dernier se dit qu'après tout il devrait être Ministre. Le Ministre d'un "petit ministère" se battra pour en avoir un gros (on dit régalien) et devenir Ministre d’État. Et puis c'est le fantasme de Matignon et de là il ne reste qu'une marche à franchir vers le pouvoir ultime de la Présidence.

Bien sûr tout au long de sa carrière, le politique ne manquera pas une occasion de répéter sur un air sérieux (style présidentiable) que son unique ambition est de servir la France (à varier avec la République un entretien sur deux). Si vous faîtes attention vous remarquerez que rarement le politique parlera de "servir les français". Faut pas déconationner non plus, le français vote et ferme sa grande gueule de râleur de première car de toute façon il est représenté par un politique qui est parfaitement compétent. Nous l'avons bien compris le politique n'est qu'un grand joueur de pipeau qui n'a qu'une obsession en tête: servir ses intérêts, sa carrière et les "amis" de son réseau.

Le psychodrame récent entre François Baroin, Valérie Pécresse et Bruno le Maire lors de la con-quête  du Ministère de l'économie laissé vacant par le départ de Christine Lagarde est très révélateur. Je n'ai pas vraiment d'opinion sur Valérie Pécresse alors focalisons-nous sur les deux autres zouaves. François Baroin aurait fait un chantage capricieux d'adolescent pré-pubère menaçant de démissionner s'il n'avait pas son nouveau joujou. A 46 ans c'est un totalement lamentable mais typique de celui dont l'extraordinaire condescendance n'a d'égal que son incommensurable ambition. Bruno Le Maire est très décevant sur ce coup là. Malgré une carrière stratosphérique qui lui a permis en quelques années de passer de membre du cabinet du Ministre des affaires étrangères à Ministre tout court, il était apparemment très déçu de voir son "ami" Super Baroin lui piquer ce qui son dessert.

Est-ce la faute au système qui permet au politique de concentrer tous les pouvoirs et aux plus ambitieux d'y accéder? En partie. On pourrait donc rêver à un autre système séparant clairement et fortement les pouvoirs en les permettant d'opérer de façon totalement indépendante et transparente. On pourrait rêver à introduire de solides contre-pouvoirs comme le système de cabinet fantôme en Angleterre. On pourrait rêver que des hommes et femmes honnêtes, intègres, justes et compétents arrivent au pouvoir. J'ai fait un rêve...

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